lundi 14 novembre 2016

Sortir du placard!

Faut bien en sortir à un m'ment d'nné!

J’approchais la quarantaine lorsque finalement, je suis sortie de ma garde-robe! En toute honnêteté, je m’en doutais depuis longtemps, pour ne pas dire depuis toujours. Ce n’est pas sorcier, à regarder en arrière, les signes étaient bien tous là.

Eh oui, j'étais différente de mes frères et sœurs; un enfant timide ayant peur de tout, des gens, des animaux, du tonnerre, le feu, les hauteurs, l’eau, le bruit, etc. J’avais de la peine pour les gens que je connaissais et pour ceux que je ne connaissais pas. Un rien me faisait pleurer; un regard de travers, une voix forte, une injustice.

J'avais un odorat plus développé que les autres, ce qui sur une ferme, n’était pas très pratique. Essayer de me faire entrer dans la grange ou le poulailler durant l’hiver était tout un exploit. Je souffrais de nausée en voiture et avais le vertige dans la balançoire et dans le fauteuil berçant. J’avais moins besoin de sommeil que mes compères et aussi loin que je me souviens, détestais faire une sieste.

J’aimais ce qui était coloré et stimulant. Je refusais de porter le linge que je n’aimais pas, ce qui est problématique lorsque l’on est pauvre. J’avais besoin de bouger, de danser, de créer, de rire et bien sûr, d’apprendre. J’avais vite fait le tour de la lecture du bulletin des agriculteurs et de l’annale de la bonne Sainte-Anne. J’exaspérer mes parents en me plaignant qu’il n’y avait rien à faire et ne comprenais pas pourquoi mes frères et sœurs ne se levaient pas aussi tôt que moi. Maintenant, je sais que se lever à 4 :30 heures du matin, c’est considéré trop tôt par la majorité des gens!

Eh oui, je suis née hypersensible… méchante maladie! Ce matin, une amie avait partagé sur son profil Facebook, des informations concernant les gens hypersensibles. En lisant l’article, j’ai réalisé que mon hypersensibilité avait été à la base de tout, mais tout mon vécu, de tous mes problèmes. Depuis la tendre enfance, j’ai été celle que l’on appelait la brailleuse. Avec le temps, ma mère y a rajouté l’épithète de névrosé et à l’adolescence, celui de folle et de malade mentale; parce que quelqu’une qui pleure lorsque c’est l’autre qui est blessé, on s’entend que ça peut avoir l’air louche.

Lorsque la personne dont le rôle premier est d’aimer, protéger et de guider un enfant lui répète qu’il n’est pas normal et l’envoie dans sa chambre en lui disant que les policiers s'en vient la ramasser pour la conduire à l’asile, eh bien, il n’a aucune raison de penser le contraire; et c’est ce que j’ai fait jusque l’âge de quarante-deux ans.

C’est à ce moment, après de nombreuses séances de thérapies, j’ai pris conscience du fait que j’avais vécu la majeure partie de ma vie d‘adulte à essayer de cacher aux gens de mon entourage, ma  soi-disant folie, ma différence. Dans ma vie de couple, en société, en tant que mère, partout; j’étais convaincue qu’à bien jouer mon jeu, les gens ne se rendraient compte de ma folie, étant certaine d’être une folle assez intelligente pour le cacher aux autres. Je me souviens avoir pensé que certaines personnes n’étaient pas très futées de ne pas s’en être rendu compte. En prendre conscience fut un choc, apprendre à vivre avec en fut un autre. Accepter d’être ce que je suis, d’essayer de trouver ma place en ce monde soi-disant normal, d’avaler le fait de m’être laissé berner à ce point n’a pas été facile. On ne devient pas une ex-folle du jour au lendemain, peu importe notre degré d’intelligence! C’est à ce moment-là et pour cette raison spécifique que j’ai pris la décision de confronter ma mère. Il m’était devenu primordial de crier haut et fort que plus jamais personne ne me traiterait de folle. C’était, bien sûr, sous-estimer le pouvoir de mon bourreau!

Pour ceux qui ont eu la chance d’avoir une enfance dite normale avec des parents soi-disant normaux, bien bravo! Moi, ce n’a pas été le cas et j’ai dû prendre les moyens nécessaires à ma guérison. Ce n’était certainement pas ceux suggérés par mon thérapeute, mais bon, ce n’était pas SA vie, mais la MIENNE! Bien sûr, il y a eu des conséquences, elles ont été extrêmes et elles perdurent.  On ne confronte pas un chef de famille, dans mon cas ma mère, en espérant garder contact avec ses proches! Une famille, c’est comme une mafia; peu importe que le chef soit un voleur, menteur, hypocrite, sociopathe, narcissique, et bien sûr, un grand manipulateur; le jour où quelqu’un ose l’attaquer, ses membres se rangent tous, ou presque, de son bord, que ça ait du sens ou  non! Eh bien sûr l’autre, cette personne sans scrupule, celle qui ose dénoncer, devient un paria.

Pour mes grands-parents maternels, chez qui nous habitions, je n’étais qu’un embarras. Ils devaient s’accommoder de ma face laide chaque fois qu’ils voulaient apprécier la présence de ma sœur à la jolie frimousse et aux grands yeux bleus. J’étais cette chose que l’on repousse en arrière sur le perron de l’église et que l’on essaie d’ignorer autant que possible.

Pour ma mère, j’étais une grossesse non voulue, un mauvais enfant, un être que selon ses dires, son Bon Dieu lui avait envoyé pour la faire souffrir et qu’elle tuerait si c’était permis. Une chose qui lui faisait honte, une face noire au cou trop long, une grande-gueule qui questionnait tout surtout les injustices, la responsable de tous ces malheurs, enfin, une névrosée comme son père. Me faire interner lui aurait tellement rendu service!

Pour mon fils, je suis ce que ma mère lui a inculqué.

Pour ma petite-fille avec qui j’ai une très belle relation, j’ose espérer avoir réussi à briser le moule. L’avenir nous le dira.

Malgré le récent décès de mon bourreau, son lègue restera. Sa fille Monnette, sa protégée et plus grande défenderesse, s’assura à vie de continuer la promotion de la haine, de l’isolement familial et social que ma mère entretenait à mon égard. Malgré tout, je n’ai pas de regret. Ce qui me reste à vivre mérite d’être vécu dans le respect et l’authenticité. Bien sûr, je ne réussirais jamais à empêcher les autres de me traiter de folle. Par contre, la façon dont je reçois l’insulte est différente. Ce n’est plus moi qui ai besoin d’être soignée.

L’hypersensibilité n’est pas une maladie; ce n’est pas quelque chose qu’il faut soigner avec des médicaments. Eh oui, certains de nous peuvent paraître différents…parce que nous le sommes, tout simplement!

Vous ne le savez peut-être pas, mais certains d’entre vous (les gens soi-disant normaux) dégagez. Dégagez dans le sens qu’il nous devient parfois difficile, nous les hypersensibles, de rester dans la même pièce que vous qui, pour une raison ou une autre, ne nous aimez point. Certains de nous, pour ne pas dire la plupart, seront peinés plus que vous lors de critiques, quelle soient justifiés ou non.
D’autres, tout comme moi, auront des réactions extrêmes à certains produits chimiques et médicaments, ce que même certains professionnels de la santé ne sont pas prêts à reconnaître. Je peux vous assurer que de voir le visage interloqué d’un médecin lorsque tu lui apprends que la prise d’une tylenol régulière te fait dormir pendant quelques heures mériterait d’être mis sur vidéo!

Oui l’hypersensibilité, ça peut aller jusque-là et plus encore, mais ça reste avant tout un DON!
Aux chanceux qui sont nés avec ce don, appréciez-le pour ce qu’il est; vous avez un avantage sur votre prochain! Et aux autres, les normaux, les gens qui offre de vous prédire votre avenir ou de vous dire comment gérer votre vie moyennant une somme d'argent; ce ne sont pas des hypersensibles mais plutôt des charlatans… à vous de faire la différence!

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