Non mais... tu
m'niaises-tu toi-là!
On reçoit tous, un
jour ou l'autre, un courriel venant d'un riche étranger, vivant à l'étranger,
possédant de l'argent dans un pays étrange et qui étrangement, ne sait pas à
quel étranger, la donner. La plupart du
temps, je les supprime avant d'en faire la lecture et parfois, je les lis en m'amusant de toutes les erreurs et les idioties qu'elles contiennent.
Je suis toujours étonnée que ce genre de lettre peut paraitre véridique aux yeux de quiconque la
lit, tellement c'est amateur.
Voici la copie d'une de ces
lettres que j'ai reçues ce matin. Comme je m'étais levée de bonne humeur et que
j'avais le goût de rire et de niaiser quelqu’un, elle est arrivée à point. Je
me suis donc permise de lui répondre avant qu'il soit trop tard... genre avant qu'il
crève et ne sache pas que je le prenne pour un idiot.
Que Dieu vous benisse.
Tu fais bien de
t’excuser parce qu’en effet, ton courriel est dérangeant. Ton souhait a été
exaucé; j’ai bien pris le temps de lire ton message afin de donner une écoute à tes prières. Tu me vois
désolée d’apprendre que je suis la seule personne ayant retenu ton attention,
sachant que parmi les milliards d’internautes, se trouvent surement des
centaines, pour ne pas dire des milliers, de personnes intéressées par ton offre
alléchante.
Je trouve très intéressant le nom de ton entreprise… elle
porte le même nom qu'un des pays le plus pauvre de notre planète. Ça ne doit pas
être drôle d’avoir à convaincre le public du sérieux de ton affaire, surtout
avec ce que tu vis en ce moment!
Je suis aussi triste d’apprendre la mort de ton épouse et
l’annonce prochaine, de la tienne. Toi qui sembles très pieux, je te suggère de
prier plus fort et peut-être, un peu plus souvent. Il paraît que la méditation
aide beaucoup, sinon, change ton alimentation pour les produits naturels. Comme
tu ne sembles pas avoir de problèmes financiers, va pour le bio…c’est plus
dispendieux, mais plus santé. J’y ajouterais peut-être aussi la
visualisation, de toute façon, comme tu l’as mentionné, tu n’as plus rien à
perdre… tu es mourant!
C’est très bien de vouloir me donner ton argent en supposant
que je suis honnête et digne de confiance. Je vais être honnête avec toi, je ne
le suis pas, mais il faut que ça reste entre nous, d’accord. J’ai un passé
très, mais très lourd. Je ne suis que récemment sortie de prison. J’ai dû
passer quelques années en arrière des barreaux ayant été accusée de vol,
fraude, recèle, blanchiment d’argent et tentative d’extorsion. Je sais, tu vas
me dire que les gens bien ne font pas ce genre de chose, mais, je t’assure que
j’ai changé et suis une bonne personne.
Bien entendu, la photo que tu aurais pu voir de moi à
travers certains médias sociaux n’est pas la mienne. C'est un profil que j'ai "emprunté" et bien entendu, n’ai aucune idée de qui
elle est. Je vais donc t’en envoyer une plus récente, prise par mon défunt
mari.
On a beaucoup de choses en commun. Tout comme toi, je suis veuve aussi; mon mari est mort par strangulation. Le pauvre étourdi ne s’est pas rendu compte qu’il s’était trompé de dentiers lorsqu’il en a saisi un dans le petit cruchon dans lequel nous les dépositions avant d’aller au lit. Le mien, trop énorme, lui a glissé le long du palais pour aller se loger dans sa trachée. Je l’ai retrouvé, allonger sur les carreaux de la salle de bain, la face bleue, nu comme un ver et raide comme un crapaud gelé, avec mes dents prises dans le fond de la gorge. Je sais que c’est un peu personnel, mais bon, il n’y a pas d’autre façon de parler de cette tragédie. Je ne m’en suis jamais remise non plus et n’ai jamais pu me remarier.
On a beaucoup de choses en commun. Tout comme toi, je suis veuve aussi; mon mari est mort par strangulation. Le pauvre étourdi ne s’est pas rendu compte qu’il s’était trompé de dentiers lorsqu’il en a saisi un dans le petit cruchon dans lequel nous les dépositions avant d’aller au lit. Le mien, trop énorme, lui a glissé le long du palais pour aller se loger dans sa trachée. Je l’ai retrouvé, allonger sur les carreaux de la salle de bain, la face bleue, nu comme un ver et raide comme un crapaud gelé, avec mes dents prises dans le fond de la gorge. Je sais que c’est un peu personnel, mais bon, il n’y a pas d’autre façon de parler de cette tragédie. Je ne m’en suis jamais remise non plus et n’ai jamais pu me remarier.
Drôle d’adon que je sois aussi condamnée à mourir d’ici quelque temps. Mon
médecin n’a pas voulu me le dire franchement, mais je sais que je ne vivrai pas
indéfiniment. J’ai été diagnostiquée avec une maladie incurable qui fait que je
vieillis. Tu ne peux pas savoir à quel point c’est difficile d’accepter qu’un
jour, je ne puisse plus porter de souliers à talon aiguille et encore plus
, de penser que je ne pourrai peut-être plus porter mes dentiers. En ce qui concernemes seins, ça va, je pourrais toujours, en héritant de ta fortune, me les faire refaire semblable à ceux d’une adolescente.
Je dois t’avouer quelques choses. Le montant que tu
veux m’offrir ne me semble petit. Il couvrirait à peine le montant
nécessaire à l’achat de ma maison de rêve et je suis peinée à la pensée qu’il ne m’en resterait
pas assez pour faire l’achat d’une voiture sport. Serait-il possible que pour les quelques mois
qu’il te reste à vivre, tu investisses ce montant à la bourse (à un taux à haut
risque bien entendu), afin de le faire fructifier? Après tout, vu ta grande
générosité, tu ne voudrais quand même pas que la personne que tu as choisie
comme étant digne de ton héritage, souffre d’un manque de quoi que ce soit.
Alors voilà, en ce qui concerne l’argent, tu n’as qu’à te
rendre chez ton notaire et y faire ton testament, en me désigner comme étant ton
héritière. Lors de ton décès, il se fera surement un plaisir de trouver mes
coordonnées afin de m’annoncer la bonne nouvelle... enfin, pas celle de ta
mort, mais celle de l’héritage. Comme tu l’espères, je vais m’assurer d’en faire
bon usage. Bien entendu, malgré mes goûts dispendieux, je te promets de faire
mon possible pour trouver une cause à qui offrir un chèque, à ton nom bien sûr,
d’une somme de cent dollars.
Je te remercie d’avoir pris la peine de joindre ta carte
d’identité à ton courriel. Elle pourrait me servir dans mes projets futurs.
Pour ce qui est du numéro de téléphone, je n’en aurai pas besoin, pour la
simple raison que je n’en ai pas. J’espère que la lecture de mon
courriel t’aura rapporté un petit moment de bonheur parce que ça ne doit pas
être facile de savoir que tu vas crever d'un jour à l'autre.
Voici la photo promise. Bien entendu, mes cheveux ne sont
plus de cette couleur. En fait, je devrais dire qu’ils n’ont plus aucune
couleur, c’est-à-dire; je n’ai plus de cheveux, les ayant perdu à la suite d’un
empoissonnement dû à une prise d’un médicament ne m’étant pas destinée,que
j’avais ingurgitée, accidentellement bien entendu, en trop grande quantité.
Alors, je te souhaite une bonne mort rapide et sans douleur.
À l’annonce prochaine de ton décès,
Zabette Lanigote
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